Cinémas Bruxellois
22/02/2025

Le 22 février 2025, l’ICOMOS Wallonie-Bruxelles asbl a débuté l’année par une journée bruxelloise consacrée aux cinemas de la première moitié du 19ème siècle.
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Au matin, Isabel, historienne de l’art, spécialiste des cinémas bruxellois, a offert une visite guidée de l’expositon « Cinémas Art Déco à Bruxelles » (Halles Saint-Géry, du 27 janvier au 11 mai 2025), dont elle a assuré le commissariat. Photos, affiches, programmes, collectiblia présentés et commentés par Isabel Biver avec le concours de la scénographe Aurélie Ranalli et le graphisme de Mix & Match (Juliette de Patoul) nous plonge dans l’histoire et l’ambiance des très nombreux cinémas bruxellois. Cette exposition intégrait également l’installation « Cinémas de Bruxelles augmentés », imaginée par Christian Châtel, Christl Lidl et Isabel Biver où le visiteur peut s’installer dans d’anciens fauteils de cinémas pour voir et écouter des témoignages illustrant neuf grands cinémas bruxellois.
Clin d’oeil musical intégré à l’exposition, la chanson « l’ouvreuse » d’Odette Laure, 19610.
Pour en savoir plus sur les cinémas bruxellois : Isabel Biver & Marie-Françoise Plissart, Cinémas de Bruxelles, Bruxeles, CDC Editions, 2020, ISBN: 978-2-87572-059-7
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Toujours au matin, Aurore Burette nous a présenté l’histoire du cinéma Métropole, situé rue Neuve à l’arrière de l’hôtel du même nom, aujourd’hui occupé par une enseigne de prêt à porter bien connue,
« Inauguré en 1932, le Métropole bâtit d’un seul volume avec ses deux balcons, devient le cinéma le plus vaste et le plus prestigieux de Bruxelles. La façade de ce chef-d’œuvre moderniste déploie un monumental hall vitré en demi-cercle sur quatre niveaux, entouré de larges pilastres et d’un entablement en marbre ocre. De part et d’autre, les quatre niveaux sont constitués d’une alternance de bandes horizontales vitrées et d’allèges en même marbre ocre. Ce cinéma d’exclusivités –c’est-à-dire ne passant que des films en première– devient rapidement un repère urbain et se «donner rendez-vous devant le Métropole» devient une formule comprise par tous les Bruxellois. » L’Histoire des cinémas bruxellois N° 35. https://www.memoire60-70.be/Cines_Centre_Ville/Cinema_Metropole_Bruxelles_1932_1991.html
Aurore Burette a tout particulièrement présenté la problématique délicate de l’extraction du bas relief d’Ossip Zadkine (1888-1967). Né en Bilelorussie sous l’empire russe, juif, établi en France à partir de 1910, il est en contact avec et fait partir de l’avant-garde artistique de l’épose. Ami de l’architecte bruxellois Adrien Blomme, il réalise pour la maison de ce dernier (achevée en 1928 – actuel rectorat de l’ULB – classement en 2009) deux bas reliefs évoquant le métier d’archtiecte. Adrien Blomme fait ensuite appel à lui pour la création d’un bas-relief monumental, intitylé « La Danse », pour orner l’entagblement au dessus de la scène. Ce bas-relief, mesurant 12 mètres de long sur 3,5 mètres de haut, a été réalisé par l’artiste sur place pendant la construction de la salle. Ce relief représente trois personnages dansant avec des rubans, rappelant des pellicules cinématographiques, et évoque les frises des monuments antiques grecs que Zadkine admirait tant. Réalisé en plâtre, le relief a ensuite été recouvert d’une patine bronze doré. Il s’agit de la plus monumentale oeuvre encore conservée de ce sculpteur. Il est composé de plusieurs morceaux assemblés. Les études, conduites par le bureau Origin, sont en cours pour établir la meilleure manière d’extraire cette oeuvre aujourd’hui cachée dans les réserves du magasin de prêt-à-porter. Il sera ensuite réassemblé et présenté au Musée Juif de Bruxelles.
A propos du projet de sauvetage lire :
https://www.promethea.be/fr/soutenir/les-projets-en-cours/la-danse-dossip-zadkine/
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Thomas Grek a également présenté le projet achevé de restauration du Passage du Nord. Le passage du Nord fut érigé en 1881-1882 selon les plans de l’architecte Henri Rieck à la demande de la « Société anonyme du Musée et du Passage du Nord ». Le projet embrayait sur l’aménagement des boulevards centraux et la nouvelle galerie commerciale devait constituer une liaison directe et couverte entre la place De Brouckère/l’avenue Adolphe Max et la rue Neuve. Exécutée dans un style éclectique, la galerie était bordée de magasins au rez-de-chaussée, tandis que les étages étaient réservés à toutes sortes d’activités culturelles. Les façades monumentales étaient richement décorées, notamment avec des sculptures de Joseph Berteux et d’Albert Desenfants. Certaines parties du passage du Nord, à savoir les façades côté rue, les façades intérieures, la verrière en coupole et le sol ont été classés comme monument par arrêté du 13 avril 1995. Cfr. Inventaire.
© Atelier d’architecure du Congrès
Si l’affectation en commerces du rez-de-chaussée et de l’entresol n’a pas varié depuis l’origine, les étages supérieurs, privés très tôt de leurs décors d’origine et transformés à plusieurs reprises, étaient délaissés et en attente d’une nouvelle affectation jusqu’à ce qu’un bail emphytéotioque soit signé en 2020 avec la société COHABS, groupe international de coliving basé à Bruxelles spécialisé dans la conception de logements modernes, innovants, meublés et entièrement équipés. Le projet de restauration et de rénovation intérieur, confié à l’Atelier d’architecture du Congrès, achevé en 2024, a notamment conduit à la restitution des deux dômes disparus.
© Atelier d’architecure du Congrès
Présentation du projet : https://aac-hossey.be/passage-du-nord
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L’après-midi a été consacrée à la visite – en mode URBEX – du Théâtre des Variétés.
Celcui-ci a été inauguré en 1937. Il est l’oeuvre des architectes Victor Bourgeois et Maurice Gridaine. Il s’agissait à l’époque d’un des théâtres les plus modernes du continent. Avec une capacité de 1950 places, il disposait d’un plateau de scène tournant, d’une fosse d’orchestre ascendante et d’un toit ouvrant. En outre, il s’agissait de la première salle au monde entièrement éclairée au néon. Il a été exploité comme cinéma et music-hall jusqu’en 1961, date à laquelle il est adapté en « cinérama », une technique immersive qui crée une image enveloppante projetée sur un écran allant du sol au plafond. Le Variétés ferme ses portes en 1984. Laissé inoccupé, il se dégrade progressivement. Lors de son classement en 2003, il appartien à la Communauté Française. En 2018, le bâtiment est racheté par l’asbl Brucelles Laïque pour être transformé en un lieu à portée culturelle, sociale et éducative, sous la houlette pour la programmation culturelle du metteur en scène bruxellois Fabrice Murgia, en charge du Festival des Libertés. Le projet a été confié aux bueaux associés Ouest Architecture (Bruxelles) et Flores & Prats (Barcelone).
https://www.le-varietes.be/ + https://ouest.be/projet/var/
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L’ICOMOS Wallonie-Bruxcelles asbl remercie les intervenants de la journée :
- Isable Biver, historienne des cinémas,
- Aurore Bureau, architecte chez Origin,
- Thomas Greck, architecte à l’Atelier d’architecture du Congrès,
- Hector Suaerw, architecte ches Ouest Architecture.
24 février 2025