Huy & Marchin
07/09/2024
Le 7 septembre 2024, ICOMOS Wallonie-Bruxelles s’est rendu à Huy et Marchin pour la visite de deux chantiers privés.
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La Maison-près-la-Tour – aussi appelée « Maison Legrand » du nom de son dernier propriétaire (1922-1948) – est située à l’angle des rues de l’Esse, de la Cloche et des Frères Mineurs. Il s’agit d’un ensemble datant des XIIIe et XIVe s., fortement remaniées du XVIe au XIXe s. On y identitife toutefois encore nettement des structures et ouvertures médiévales primitives. Acquise par la Ville de Huy en 1948 et classé comme monument le 8 avril 1849, elle demeure toutefois sans affectation pendant de longues années. Une opération de sauvetage et de consolidation a été menée à la fin des années ’80, sans pour autant donner de nouvelle fonction à l’ensemble. En 2015, la Ville de Huy l’a cédé à l’architecte liégeois Pascal Dumont, porteur d’une projet engagé de restauration et de réaffectation du bien. Le projet consiste en la création d’un nouveau lieu culturel de taille modeste comprenant une petite salle de spectacle et un salon de musique, avec de plus la création d’une unité d’habitation (residence d’artiste) et la réhabilitation des jardins en terrasses. Le projet entend répondre aux besoins d’acteurs culturels à la recherche de lieux de création, de répétition et de représentation de plus petite taille et financièrement plus abordables que les lieux culturels institutionnels. La visite de cet édifice a permis de constater l’impact – irréversible dans plusieurs cas – de l’opération de consolidation précédente qui était de plus dépourvue d’un projet de réaffectation, et d’échanger sur les difficultés et problématiques posées par celle-ci dans le cadre du présent projet.
L’ICOMOS Wallonie-Bruxelles asbl remercie chaleureusement Pascal Dumont et ses collaborateurs d’avoir ouvert le chantier à la visite et salue le volontarisme et l’engagement personnel de Pascal Dumont. Nous lui souhaitons que ce chantier se déroule de la meilleure des manières et que le projet rencontre son public et le succès escompté. Nous remercions également Marianne Francotte pour son éclairage quant à l’historique de ce dossieur qu’elle a suivi pendant de très nombreuses années au sein du Département du Patrimoine et ensuite de l’Agence wallonne du Patrimoine.
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Seigneurie ecclésiastique et franc-allodiale, Marchin releva, de 1106 à 1661, à la fois du chapitre de St-Martin de Liège et de celui de Notre-Dame de Huy. En 1661, le seigneur de Modave, le comte Jean-Gaspard-Ferdinand de Marchin l’acheta aux chanoines. En 1696, Gérard-François van Buel en fait l’acquisition. Celui-ci possédait alors déjà par héritage le château de Belle-Maison qui, réuni à la seigneurie, devint alors le château de Marchin. Guillaume van Buel, fils du précédent, fit élever à côté de l’ancien château datant du 17ème siècle, un nouveau château de 1726 à 1734. Celui-ci de style classique recèle de superbe décors intérieurs dûs aux stucateurx Th. Vassali (chapelle, 1734) et Moretti (salons) et aux peintres F. Rorschach (chapelle) et Deprez. La famille de Robiano entre en possession du domaine au 19ème siècle. Le château et son parc ont été classés en 1980 (monument + site). Depuis 2022, les décors de la chapelle sont inscrits sur la Liste du patrimoine immobilier exceptionnel de la Wallonie. Les comtes de Robiano entreprenent aujourd’hui la restauration de cet ensemble castral, à commencer par l’enveloppe des deux composantes de l’ensemble. Les restaurations et aménagements intérieurs seront étudiés et entrepris ultérieurement.
Parmi les sujets abordés lors de la visite : la piètre qualité de la pierre calcaire mise en oeuvre lors de la construction du château neuf et les principes d’intervention sur ces éléments dans le cadre du chantier, le rejointoiement teinté des façades en briques et l’application d’un badigeon, l’importance d’un examen approfondi des menuiseries qui a permis de déceler la présence de châssis d’origine malgré une campagne précédente de remplacement, la nécessité des très importants travaux de drainage des terrains avoisinants afin d’enrayer l’humidité ascensionnelle dans les bâtiments.
L’ICOMOS Wallonie-Bruxelles asbl remercie chaleureusement :
– la famille de Robiano d’avoir admis la visite de ce chantier;
– Marianne Francotte, architecte à l’Agence wallonne du Patrimoine, pour le rappel de l’historique de ce dossier qu’elle suit depuis ses prémices;
– Valérie Fellin et Marie Goffin, architectes, de nous avoir présenté les travaux en cours.
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La journée s’est terminée à Huy par la visite de l’exposition « Prendre soin de notre patrimoine » montée et présentée par le Trésor de la Collégiale de Huy au rez-de-chaussée de la tour de la collégiale. Cette expositon met en évidence – à travers une sélection de pièces – la contribution de donateurs et dépositeurs dans l’accroisseement des collections conservées et présentées au trésor ainsi que le travail minitieux de restauration dont ont récemment fait l’objet certaines pièces. A noter tout particulièrement, la présentation d’un reliquaire mosan exceptionnel datant du XVIIe siècle, contenant une mèche de la Vierge et un morceau de côte de sainte Odile, et lié à la famille hutoise de Préalle.
L’ICOMOS Wallonie-Bruelles asbl remercie vivement Marylène Laffineur, conservatrice, d’avoir guidé les membres dans cette exposition et le trésor, ainsi que la Fabrique d’Eglise de nous avoir si volontiers ouvert les portes de la collégiale.
Illustrations : JSM © ICOMOS Wallonie-Bruxelles asbl
08 septembre 2024